Le bâtiment de l'épuration et la torchère
L'arrivée de la conduite de gaz à l'usine de Saulnes
Le fonctionnement du haut-fourneau conduit à la production d'une grande quantité de gaz chargé de poussières. Pour une tonne de fonte le haut-fourneau produit 5000 mètres cubes de gaz.
Ce gaz est très dangereux car il contient de l'oxyde de carbone. L'oxyde de carbone ( CO) se fixe sur les globules rouges du sang et les empêche de remplir leur rôle. Il est très sournois car inodore. De nombreux accidents se sont produits sur les hauts-fourneaux, les ouvriers portant secours à leur collègues sans appareil respiratoire individuel se faisant piéger à leur tour. Deux personnes en ont été victimes dans les années 60 à Hussigny.
Ce gaz a un pouvoir calorifique assez bas mais les sidérurgistes en ont rapidement tiré parti pour produire de l'énergie électrique et pour réchauffer l'air avant de l'injecter dans le haut-fourneau ce qui améliorait le rendement global de l'opération.
Avant de pouvoir l'utiliser, ce gaz devait être dépoussiéré. On estime que 2 à 3 % des charges introduites dans le haut-fourneau se retrouvent dans le gaz.
Une première étape était réalisée juste après le captage du gaz à la partie supérieure du haut-fourneau, dans des cylindres d'acier comportant des chicanes ( les bouteilles).
Pour la suite on disposait de plusieurs techniques d'épuration:
- le barbotage dans de l'eau,
- le filtrage classique
- l'épuration électrostatique.
A Hussigny cette dernière technique était employée.
Le gaz circulait dans des batteries de tuyaux métalliques au centre desquels était placé un fil.
Ce fil véhiculait un courant continu a très faible intensité mais à haute tension ( de 40 à 60 000 V).
Le circuit électrique se refermait par les tubes. Le champ électrostatique créé attirait les poussières sur les parois des tubes. Périodiquement des marteaux actionnés pneumatiquement frappaient les parois des tuyaux et les vibrations faisaient tomber la poussière à la partie inférieure. Elle était ensuite évacuée dans des wagons vers le crassier.
Le système de production du courant continu à haute tension était assez spécial.
Les redresseurs secs alors disponibles ne permettaient pas d'obtenir de hautes tensions.
Le système retenu était électromécanique.
Tout d'abord en partant du réseau alternatif normal, un transformateur élevait la tension à la valeur souhaitée. Des selfs déformaient la sinusoïde de façon à avoir une valeur de tension proche de zéro pendant un temps important sur la demi-période.
Le commutateur était constitué par un système à quatre pales entrainé par un petit moteur alternatif qu'il fallait synchroniser. La synchronisation était obtenue en faisant tourner le stator du moteur à l'aide d'un volant. La commutation se faisait à tension quasi nulle du fait de la déformation de la sinusoïde.
Ce système était toutefois un excellent émetteur de parasistes et lors de l'apparition des premiers récepteurs de télévision, il a fallu construire des cages de Faraday autour.
Lors de la rénovation des années 60, entre les bouteilles et l'épuration électrostatique, un dépoussiéreur de type cyclone avait été ajouté.
Une torchère venait compléter le système. Elle permettait de brûler le gaz en cas d'incident sur un équipement. Elle émettait la classique flamme bleue.
Le gaz épuré était ensuite dirigé vers les appareils Cowper et par une tuyauterie qui longeait la route de Godbrange à Saulnes, à la centrale électrique de l'usine de Saulnes. Le haut-fourneaux se comportait alors comme un gazozène.
La canalisation de gaz vers le viaduc de la Sauvage
La canalisation de gaz à l'entrée de Saulnes et la traversée de la route de Hussigny à Saulnes
La canalisation de gaz juste après la traversée de la route à l'entrée de Saulnes . Cette partie a été modifiée lors de la construction du passage sous la voie ferrée, la route ayant un nouveau tracé. Elle est soudée alors que le reste de la conduite était constitué de tôles rivées.