LES CASSEURS DE FONTE ET CHARGEURS DU PARC
En se refroidissant dans les moules ou dans les coquilles, la fonte prend une couleur grisâtre semblable à l'asphalte des trottoirs. les casseurs de fonte arrosent les lingots encore chauds et les retournent. C'est un travail épuisant que de retourner ces blocs dont le poids atteint cent kilogrammes et qui adhèrent fortement aux moules ou au coquilles. Le casseur se sert de pinces qu'il emploie à la façon de leviers. Il brise ensuite la fonte, la charge sur des wagonnets plats, les lorits, et la conduit aux wagons de chemin de fer qui viennent se ranger à proximité des halls de coulée. On affecte deux casseurs au service d'un haut-fourneau; ils enlèvent deux coulée par jour ou par nuit, soit un poids de fonte qui peut atteidre 80 000 kg et n'est jamais inférieur à 40 000 kg par jour. 
Ce fardeau, les deux hommes doivent le manipuler deux fois: pour le charger sur les lorits et le décharger dans les wagons. Les dimanches où ils travaillent 24 heures, ils enlèvent quatre coulées. De quatre-vingt à centsoixante mille kilogrammes! Ils sont payés à raison de 0,25 F par mille kilogrammes de fonte arrosée, cassée, retournée et chargée. Leur salaire quotidien moyen est de 7 F. 
Il faut être fort pour être casseur de fonte; on n'exerce pas le métier longtemps. L'homme est vite épuisé par le surmenage; en nage et à demi-nu , sans prendre le temps de se couvrir de chauds vêtements - le travail aux pièces intensifie tant la besogne qu'il ne permet pas au travailleur de prendre une minute pour d'élémentaires soins d'hygiène - il va remplir les wagons en plein air froid. Des maladies pulmonaires , bronchites, laryngites se déclarent. 
 
Les chargeurs du parc à fonte ne sont pas mieux partagés. Ces ouvriers rangent les gueuses de fonte qui demeurent en réserve, dans des parcs spéciaux. Ils en emplissent au fur et à mesure des commandes, des wagons de dix tonnes. Les accidents, provoqués par la manipulation de lourdes pièces qui souvent glissent des mains, sont nombreux. 
Ces ouvriers doivent se hâter pour arriver à gagner un salaire normal, car ils recoivent seulement 1,50 F par dix mille kilogrammes de fonte transportés et chargés en wagons